Challenge « Textes courts » chez Lydia

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Catégorie : Roman
Nom de l’auteur : Philippe Claudel
Titre : Le Café de l’Excelsior – Le livre de Poche
Nombre de pages : 84 pages

4e de couverture :
Viens donc Jules, disait au bout d’un moment un buveur raisonnable, ne réveille pas les morts, ils ont bien trop de choses à faire, sers-nous donc une tournée…
Et Grand-Père quittait son piédestal, un peu tremblant, emporté sans doute par le souvenir de cette femme qu’il avait si peu connue, si peu étreinte, et dont la photographie jaunissait au-dessus d’un globe de verre enfermant une natte de cheveux tressés qui avaient été les siens, et quelques pétales de roses à demi tombés en poussière. Il saisissait une bouteille, prenait son vieux torchon à carreaux écossais et, lent comme une peine jamais surmontée, allait remplir les verres des clients.

Même si je rechigne à lire enfin Les Ames grises, j’apprécie cet auteur. Le Café de l’Excelsior m’est tombé dans les mains encore par hasard.
J’ai apprécié cette lecture triste et douce à la fois. Une histoire racontée par le petit-fils, devenu un homme, qui revient au Café dont il a hérité après la mort de son grand-père. Il y avait vécu quelques années, après la mort de ses parents, jusqu’au jour où les services sociaux l’arrachent de ce lieu délicieux mais inconvenant pour un enfant. Avant d’oser mettre la grande clé dans la serrure, il revit tous les moments heureux vécus dans cette endroit.

« … Grand-père était pauvre de trop boire. Il aimait son métier qu’il pratiquait comme un art. Et comme pour tout art, même si l’artiste possède des dons insolents déposés au berceau par quelque fée prévoyante, il lui convient de les entretenir en se livrant à la plus austères des disciplines : Grand-père ne faillissait pas à cette règle et chaque jour faisait ses gammes dès le petit-déjeuner ; assis en face de lui, mes jambes ne touchaient pas le sol en planches, et je le regardais tremper ses tartines dans un bol de muscadet tendis que sur mes lèvres un café noir très fort dessinait les échancrures de petits nuages amers.
Ainsi Grand-père, chaque jour, et du matin au soir, buvait-il sa fortune avec la plus lucides des félicités… »