Nous sommes bien le 28 février, dernier jour de ce petit mois que je n’ai encore pas vu passer. J’avais préparé mon billet « Par le petit bout de ma lorgnette ! » … J’ai beaucoup hésité à laisser s’évader mon billet sur la bloguo. Mais comment écrire des futilités très soéniennes avec toutes les horreurs qui se passent autour de nous ? Ce serait indécent de ma part et je manquerais de respect vis à vis de toutes les victimes de ces événements. Pourquoi des choses affreuses arrivent à des gens bien ?
Alors, j’ai repris le livre de Muriel Gilbert

« Sous les pavés… la grève »
« L’autre jour, je m’occupais de ce qu’on appelle le « bouclage » de la première page du journal Le Monde, celle qu’on surnomme « la une », où je vérifiais qu’il ne restait pas une grosse fofôte quelque part. Soudain, la rédactrice en chef qui était assise à côté de moi me demande : « Y aurait pas un synonyme de grève, par hasard ? »
La question peut sembler saugrenue, mais le mot revenait plusieurs fois dans la page, ce qui occasionnait des répétitions -or, en français, on n’aime pas les répétitions-. J’ai fait ma maligne en rétorquant : « Comme synonyme de grève, il y a bien plage, mais dans le contexte, je ne suis pas sûre que ça convienne ».
En effet, quand on dit que quelqu’un marche « sur la grève », c’est bien au bord de l’eau qu’il se balade. Et figurez-vous que l’étymologie du mot est la même. Le mot grève est arrivé en français au XIIe siècle, issu du latin grava qui désigne « le gravier, le sable ». Le lien entre le bord d’un cours d’eau ou de la mer et la cessation volontaire d’activité « remonte au XIXe siècle, nous apprend le dictionnaire Antidote, lorsque les ouvriers de Paris à la recherche de travail avaient l’habitude de se réunir sur la place de Grève, une grève sur la Seine, pour se faire embaucher. » C’est l’endroit qui est devenu la place de l’Hôtel de Ville aujourd’hui.
« L »expression « être en grève » a alors été créée pour signifier « chercher du travail ». Et ce sens a glissé au milieu du XIXe siècle vers « cesser collectivement de travailler pour faire valoir ses revendications ».
En somme, l’expression « être en grève » a d’abord signifié « être au chômage ».. Quant à chômage, il a lui aussi une origine surprenante. Au départ, il n’était qu’une indication météorologique, explique Sylvie Brunet dans son petit livre Les mots aux origines étonnantes (First éditions), puisque ce mot, chômage, venu du latin au XIIe siècle, remonte en fait au grec, kauma, qui désignait une chaleur très forte. Trop forte pour accomplir les travaux des champs, d’où le fait que les paysans se reposaient à ces heures brûlantes : ils chômaient. Puis, de cette idée de ne pas travailler, on est passé à celle de ne pas avoir de travail, sens moderne qui s’est répandu dans la société au XIXe siècle.
Donc, la grève, c’est la plage, le chômage, c’est la canicule On se croirait en vacances, non ? Malheureusement, il me reste à vous rappeler que le mot travail a été formé à partir du latin tripalium, qui désigne un instrument de torture à trois pieux (tripalium). Pas sûr que cette conclusion soit de nature à donner envie aux grévistes de reprendre le travail. »
Je trouve ces propos tout à fait d’actualité ! En attendant le 7 mars, méditons sur les nouveaux « droits » à la paresse rémunérée -cela va de soi- !
« Nous sommes habitués à un si haut degré de confort que nous avons fini par croire que nous ne pouvions pas vivre sans. » Henk Oosterling